WHITNEY « WADE » REDDEN ₪ CHAPTER I

”Je savais que je faisais une erreur avant de le frapper pour la première fois. Je savais que c'était mal lorsque j'ai senti l'impact de ma semelle contre son crâne au sol. Mais je ne pouvais pas m'arrêter. Et je dois l'admettre, faire une erreur fait du bien parfois. Je m'appelle Wade Redden, et j'ai appris depuis quelques jours que toute ma vie n'a été qu'un mensonge.

J'ai grandi sans père, et ma mère m'a toujours élevé pour que je comporte comme une mauviette. Elle m'a interdit la violence, les insultes et à cause d'elle je suis même devenu végétarien plusieurs années. À 20 ans, j'avais un boulot de comptable merdique, une supérieure afro-américaine qui me rabaissait, une petite amie qui suçait n'importe qui pour un paquet de clopes et je devais faire semblant de trouver cette vie normale? J'y étais bien obligé de toute façon, avant que je ne tombe sur Eve.

Quand je l'ai vu pour la première fois, c'était dans un supermarché alors que je n'arrivais pas à payer mes courses car ma carte ne passait pas. Elle s'est présentée comme étant une super-vilaine au service de mon père, et a commencé à tirer sur tout le monde à l'intérieur de la grande surface avant de m'emmener dehors. A partir de là, elle m'a expliqué que mon père était l'un des meilleurs mercenaires que ce monde n'ait jamais connu, qui a fondé une société secrète de tueurs à gages qui s'appelle la Fraternité. En tant que digne héritier, je me devais de la reprendre, ou du moins c'est ce qu'elle attendait de moi. Mais moi, j'avais rien compris à son charabia. J'ai vécu pendant 20 ans sans mon père, et une cinglée avec un fusil chargé à bloc débarque du jour au lendemain pour me dire qu'il était en fait un assassin avec une confrérie. Franchement, si elle m'avait pas parlé de sa fortune dont je pouvais hériter, je l'aurais jamais cru. J'veux dire, ça fait beaucoup d'oseille, trois millions et trois cent mille dollars.

Alors j'ai accepté. Enfin, accepté c'est un bien grand mot, j'ai plutôt refusé de dire non à une femme armée d'un M16. Quoi qu'il en soit, on a pris la poudre d'escampette avant que la police ne se ramène et on a disparu de la ville. Elle m'a emmené jusqu'au siège de la Fraternité, une sorte de base souterraine regroupant les plus grands et les plus nombreux criminels du monde entier. J'ai rencontré les cinq principaux maîtres des lieux après la mort de mon père, qui gouvernait autrefois la société sans partage. Il y avait Mr Rictus, un ancien chrétien qui a trouvé la mort pendant quelques secondes sur sa table d'opération après un douloureux accident. Au lieu du paradis, il n'a absolument rien vu, et ce concept de néant l'a rempli de haine. Il dirigeait les opérations de la Fraternité en Australie. Adam-One, l'un des plus vieux humains au monde, dirige l'Afrique. The Future, un criminel nazi, s'est chargé de l'Europe et espère pouvoir y commencer un nouvel holocauste contre les juifs. The Emperor, un chef du crime chinois, a pris le contrôle de l'Asie et The Professor, un scientifique fou avec une intelligence de niveau 9, de l'Amérique.

Un sacré groupe de comiques, ai-je dit à Eve. Elle ne faisait pas non plus confiance à la plupart d'entre eux, et m'a même révélé que certains ont sûrement à voir avec l'assassinat de mon père. Franchement, dès mon arrivée à la Fraternité, beaucoup de gens m'ont parlé de cet assassinat, mais je ne savais rien du tout sur ça. Eve s'est montrée évasive et n'a pas voulu m'expliquer les faits directement. Il s'est déroulé quelques jours jusqu'à ce qu'elle n'apparaisse à nouveau dans mes quartiers privés, pour me présenter l'assassinat de mon père. Elle rentrait une clé USB dans l'ordinateur, et une vidéo s'est lancé. C'était un enchaînement de plusieurs points de vue de vidéo caméras de surveillance, montrant une réunion entre hommes d'affaire au dernier étage d'un building. Mon père y était présent d'après Eve, alors qu'elle me montrait du doigt l'un des hommes en costards. Bref, une fusillade a commencé et les vitres ont toutes explosé à cause des balles. Les tireurs étaient à un immeuble en face de celui où se trouvait leur cible, mais les balles n'ont touché personne. Il y a eu un court moment où les caméras ont viré au noir, et après ça, j'ai vu mon père en train de sauter d'un immeuble jusqu'à l'autre en dégainant ses deux pistolets. C'était vraiment époustouflant car au moment où il a fait feu, on avait l'impression que la balle était déjà ancrée dans le cerveau des types. Les tireurs étaient sur le toit, et la chute de mon père était juste assez contrôlée pour qu'il pénètre dans le dernier étage en y brisant la fenêtre. Ils pensait qu'il avait chuté jusqu'en bas, mais il venait de sortir de la porte du toit pour finir d'achever l'équipe d'assassinat. Quatre tirs, quatre morts. Le dernier encore en vie lui murmura quelques mots, impossibles à entendre depuis les caméras, et une balle se fraya un passage à travers le crâne de mon père.

Eve grimaçait à chaque fois qu'elle revoyait cet extrait. Un tireur embusqué? Une équipe d'assassinat envoyé en guise de distraction? Ceux qui ont fait ça n'étaient pas quelques voyous désorganisés. Mais elle n'était pas venu que pour me montrer ça, elle m'a mis au courant de mon "entraînement spécial héritage de X". Mon père s'était appelé Mister X lorsqu'il a commencé à diriger la Fraternité, allez savoir pourquoi.

Je vous épargne la suite des choses, mais l'entraînement s'est fait en cinq étapes:
- Maniement des armes et adresse au tir, ça n'a pas été bien compliqué car j'avais ce truc inné en moi qui me rendait très précis.
- Tolérance à la douleur et lynchage. Un type était payé pour me frapper chaque jour pendant trois mois. J'ai fini avec trois cotes cassées et la mâchoire brisée. Au dernier jour, j'ai brisé ma chaise et lui ai envoyé l'un des pieds en bois à travers le crâne.
- Massacre humain et animal. Je devais vraisemblablement me retirer toute empathie et, en tuant des cibles aléatoires dans la ville ou des animaux de sang froid, j'ai appris à pouvoir tuer sans éprouver le moindre remord.
- Projet X. Pas comme le film. C'était une genre d'expérience pour m'injecter un métal alien sur la colonne vertébrale et mon crâne. Je me souviens pas des détails car on avait utilisé assez d'anesthésiant sur moi pour faire planer tout New York pendant trois jours.

L'entraînement spécial a duré environ deux ans. J'étais passé de Whitney la petite fiotte qui se faisait marcher dessus par tout le monde dans sa minable vie à Wade le connard avec une combinaison de tueur à gages et des flingues. Ils aimaient bien m'appeler Wade, alors j'ai gardé le surnom. Pour couronner ma nouvelle vie, je suis parti étrangler mon ancienne supérieure lorsqu'elle allait aux toilettes manger ses muffins au chocolat en secret. Elle était tellement grosse qu'il m'a fallu de longues secondes pour serrer la corde à piano autour de son énorme gorge. J'ai envoyé un cure-dent à travers la gorge du comptable de ma promotion, et j'ai provoqué le gang d'hispaniques qui habitait en bas de chez moi pendant qu'ils jouaient au basket. Ils ont tous fini à l'hôpital. J'avais prévu de tuer mon ancienne petite amie. La gothique qui ferait n'importe quoi pour une clope. Mais au final, je lui ai simplement révélé la vérité sur qui j'étais et elle a du croire que j'étais défoncé, car elle m'a pas vraiment cru. Tant mieux.

Vous vous souvenez quand j'ai dit que j'ai appris que toute ma vie n'a été qu'un mensonge? On y vient.
C'était lorsque je venais de finir avec brio l'entraînement, et que Rictus m'a informé de la présence d'un assassin hautement dangereux dans la banque de données de la Fraternité. Il s'appelait Cross, un maniaque des armes qui avait la capacité de pouvoir courber ses balles pour qu'elles prennent une tournure inenvisageable. Ils m'ont mis au défi de tuer cet homme, en me servant de tout ce que j'avais appris depuis le début de mon séjour ici. Alors je m'y suis attelé et avec l'aide d'Eve, j'ai retrouvé sa trace à bord d'un train en destination pour Seattle, le 20 juin 2065. Manque de chance, il savait que j'étais là alors on a fait feu en même temps. Une balle qui croise une autre balle sur son passage, c'est vraiment joli à voir. Les deux munitions se percutent, se compressent l'une sur l'autre et créent une sorte de petit bloc difforme en métal. C'est vraiment joli à voir, mais sur le moment, j'aurais vraiment aimé qu'elle rentre dans l'oreille de ce connard et qu'elle ressorte de l'autre. Il avait l'avantage d'être au beau milieu d'un train en mouvement, avec toute une foule d'humains en panique. Notre point commun, c'est qu'on en avait rien à foutre des innocents, alors nos salves de balles leur éclataient la cervelle et les laissaient en sang au sol. Nous étions tous deux cachés derrière des barricades de fortune, à savoir des sièges renversés.

Une fois que le wagon était vide car tout le monde avait tout sauf envie de rester avec deux hommes armés avec des pensées noires, j'avais eu la bonne idée de sortir de ma cachette le temps d'une seconde, mais ce foutu Cross avait déjà appuyé sur sa gâchette. J'ai mentionné plus tôt ses balles courbées, et ça devait être la première fois que je me suis fait tirer dessus. Au début, on sent rien, mais la douleur commence à se faire sentir comme si on venait de se prendre un coup de marteau. Ou une balle en fait. Le sang arrêtait pas de couler de mon épaule, mais il faut croire qu'il n'avait touché aucun organe vital ni quoi que ce soit d'important. Une blessure mineure et presque artificielle. Je mourrais d'envie d'en finir maintenant et je me voyais déjà en train de lui écraser le crâne contre le sol avec mon pied, mais l'un des derniers wagons explosa avant même que je ne puisse réagir. Il avait sûrement planqué un C4 dans le train par précaution et venait de faire sauter un wagon entier pour déstabiliser tout le véhicule et avoir une meilleure chance de me tuer. C'était son plan, sauf qu'il était tellement occupé à vouloir me tirer dessus qu'il n'a pas pris compte de l'endroit où on se trouvait. Le train venait de passer sur un pont qui séparait deux montagnes, et l'explosion avait emporté avec elle les fondations du pont. Le train avait commencé à tanguer à ce niveau-là, et a basculé d'un coup dans le vide. Il était devenu impossible de tirer avec une bonne précision dans tout ce merdier, alors il fallait arrêter d'y penser et chercher à survivre à la chute. Le premier contact que le train eut avec la falaise emporta avec lui une bonne partie des gens à bord, des innocents entre autre. Il continua à tomber et à s'écrouler jusqu'à la rivière en bas, les wagons se brisant dans tous les sens. Je m'en souviens, j'avais perdu connaissance pendant quelques minutes et lorsque je m'étais réveillé, je suis parti à la recherche de Cross dans la carcasse du train. Il n'y avait que des cadavres de gens, mais pas celui que j'espérais. Lorsque j'avais tourné la tête en arrière, je voyais ce fils de pute coincé entre deux poutres qui le maintenaient en place contre le sol. Sa jambe avait souffert pendant la chute et était sûrement brisée. Il essayait de communiquer, avec une voix cassée et apeurée. Une balle avait déjà quittée mon canon et s'était logé dans sa poitrine, alors que je m'étais approché de lui pour entendre ses dernières paroles.


Hein? Honnêtement, j'avais rien compris à ce moment-là. Mais il utilisa ses derniers souffles pour m'expliquer la situation. Tout ceci n'était qu'un stratagème pour faire de moi le meilleur assassin du pays, et mon père qui avait été tué par Cross n'était qu'un comédien, un mensonge destiné à me faire croire que le vrai adversaire était Cross. Mais Cross était en fait mon père. J'étais censé lui dire quoi? Que j'étais désolé de lui tirer dessus alors que j'avais toutes les bonnes raisons? Merde. J'avais merdé. Je venais de tuer mon propre père.

J'ai toujours aimé les happy ending dans les film ou les trucs du genre, mais il n'y en a jamais vraiment eu dans ma vie. C'est comme ça que mon histoire finit. J'ai tué mon père par accident alors qu'il avait tout fait pour me protéger et me rendre plus fort.
Ma mère ne m'avait pas interdit d'utiliser la violence car c'est fondamentalement mal, mais parce qu'elle savait ce qu'il se serait passé si je devenais quelqu'un de violent et qui mettrait la main sur une arme. Elle avait vu en moi mon père, et m'avait éduqué de sorte à ce que je ne lui ressemble jamais. Ah, Maman. Si seulement le monde pouvait être aussi rose.

Au final, je suis revenu à la Fraternité après avoir appris la vérité sur l'affaire de mon père. J'ai mis une balle dans le crâne du Professeur, du Futur, dans celui de l'Empereur et j'ai laissé une chance à Rictus de s'en servir. Il m'a tiré dessus, et je lui ai renvoyé sa propre balle à travers son cou avec mon couteau. J'ai laissé la Fraternité être dirigée par Eve, qui le méritait plus que moi. Au lieu de ça, j'ai repris goût à la vie et j'ai disparu à la surface, en essayant de me faire un nom dans les Wastelands. Avec les pistolets de mon père, sa fortune et les contacts qu'ils m'avaient laissé, j'allais pouvoir mener une vie digne de ce nom.”